Schweizer Filmpreis 2010: Beste Filmmusik
Visions du Réel Nyon 2009
Zürcher Filmpreis 2009
The Sound of Insects (Das Summen der Insekten)
CH 2008 80'
Réalisation: Peter Liechti
Scénario: Peter Liechti, Masahiko Shimada
Image: Peter Liechti
Son: Balthasar Jucker
Montage: Tania Stöcklin
Musique:: Norbert Möslang
Production: Peter Liechti
Pass:The Sound of Insects (D)
720p,540p Deutsch ST -
Pass:The Sound of Insects (E)
720p,540p English ST -
Pass:The Sound of Insects (F)
720p,540p English ST Français
Au coeur de l'hiver, le chasseur S. trouve dans un coin perdu de forêt la momie d'un homme âgé d'une quarantaine d'années. Grâce aux indications minutieuses du mort, on apprend que l'homme s'est suicidé l'été précédent en se laissant mourir de faim. Une approche documentaire sur un texte de fiction, lui-même basé sur des faits réels. Un manifeste cinématographique en faveur de la vie suscité par un renoncement radical à exister.
C'est la grande figure de l'absence quidécide Peter Liechti de raconter l'histoired'un homme d'une quarantaine d'années,réfugié au fond d'une forêt où il a décidéde se laisser littéralement mourir de faim.Pourtant, cette personne est étrangementprésente au travers de son journal, retrouvéà côté de son cadavre, dont des parties sontlues hors champ. A écouter donc, la voix dePeter Mettler pour la version anglaise etd'Alexander Tschernek pour l'allemande, quidisent avec retenue les détails prosaïques,plus que philosophiques, de ce long calvairelibrement consenti. Cet homme a véritablementexisté au Japon où l'écrivain ShimadaMasahiko s'est inspiré de son journal pourrédiger un récit, dont Peter Liechti a fait lelit de son film.
Il faut dès lors s'imaginer une symphonie desons et d'images, qui sont mobilisés pouresquisser le quotidien de cet homme. La forêtpossède les atours d'un univers en constanteactivité, battu par les vents, les orages, brûléde soleil et habité de milliers d'oiseaux etd'insectes, qui composent un tableau terriblementvivant. La cabane tendue de bâchestransparentes est filmée comme une maisonhantée, la caméra observe, se déplace,change de points de vue, capte les états dela lumière, les mouvements infinis de lanature, dont la mémoire conserve sans doutela trace de l'homme aujourd'hui disparu. Ilne s'agit pas d'un point de vue subjectif, quichercherait à guider le spectateur à la placede l'homme, mais bien d'une quête de ladimension métaphysique de cette histoire.Que peut le cinéma des hommes à l'endroitde ce que fut cette vie engloutie dans le coeurd'une nature foisonnante?
Il faut écouter, regarder cette forêt, quiacquiert ainsi un caractère mythologique. Etsurgissent alors des bouffées d'images, desréminiscences fragmentaires, des visages,des silhouettes, des fantômes d'un autremonde, ce cheval blanc aussi, qui font signeaux naufragés de la vie. Peter Liechti estl'architecte inspiré de cet espace méditatifet halluciné que construit le film. Il veutcroire avec nous que le cinéma peut être celien magnifique, magique, entre les vivantset les morts.
Jean Perret, Visions du Réel Nyon 2009