Vagabonding Images
Vagabonding Images
CH 1998 48'
Réalisation: Simone Fürbringer, Nicolas Humbert
Scénario: Nicolas Humbert, Simone Fürbringer
Image: Nicolas Humbert, Simone Fürbringer
Son: Nicolas Humbert, Simone Fürbringer
Montage: Nicolas Humbert, Simone Fürbringer
Musique:: Guy Klucevsek, Glenn Branca, Artbears
Production: SIMNIC FILMS
Pass:Vagabonding Images (D)
540p English ST Deutsch
Pass:Vagabonding Images (E)
540p English ST English
Pass:Vagabonding Images (F)
540p English ST Français
Un film situé dans le rêve. Tourné sur plusieurs années, il est porté par l’émergence de souvenirs et de tranches de vie qui s’entremêlent en une suite d’histoires quotidiennes et intimes. VAGABONDING IMAGES peut être perçu comme une sorte de «cadavre exquis» dans le domaine cinématographique. Ce film est une approche ludique de l’univers filmique et de sa terminologie, inspirée des techniques de collage des surréalistes français et des poèmes haïkus japonais.
Il s’agit de l’histoire d’un couple, d’une famille, des âges de la vie, de la naissance et de la mort. Il s’agit d’une histoire du cinéma très simple, que tisssent des images et des sons fragiles comme des souvenirs enfouis.
De signes visuels indéchiffrables à l’esquisse de formes qui prennent petit à petit consistance au cours d’un récit lacunaire s’achevant avec les mêmes images énigmatiques qui l’inaugurent, VAGABONDING IMAGES est en tout premier lieu composé d’images pénétrantes. Tournées au cours de plusieurs années, elles sont essentiellement fragmentaires. Elles découpent le détail de corps, de visages, d’un animal, d’une forêt, de la neige qui tombe épaisse et silencieuse, des vagues de la mer s’épuisant sur une plage. Les jambes de la nageuse, ses fesses, les pieds de l’enfant, l’oreille de l’animal. Ces images, ces plans de cinéma, agissent à la façon de petites aventures de la perception, qui consistent à capter des formes et des lumières avec la disponibilité créatrice que requiert l’improvisation. Les images palpitent, les grains de noir, de blanc et de couleur font rendre à la pellicule sa fragilité et sa capacité de donner à ce dont elle s’imprègne une fascinante densité. La pellicule Super 8 utilisée, transférée ensuite sur 16 mm, s’avère ici un choix esthétique déterminant, qui déjoue les pesanteurs académiques d’autres supports.
Les cinéastes associent ces fragments visuels à d’autres et suggèrent de toutes petites histoires, qu’aussitôt ils laissent en suspens, disponibles et accessibles. Transitions par des noirs, rapprochements proprement surprenants d’images hétérogènes, présences décalées des sons, des musiques, et intrusions attentionnées de voix disant des textes de Dylan Thomas, Robert Frost, André Breton, composent une temporalité onirique. VAGABONDING IMAGES est un film rêvé, porté par l’émergence de pièces de souvenirs qui tissent des histoires de vies appréhendées dans leur déroulement quotidien et intime. Il n’est pas indifférent qu’ils aient été deux, Simone Fürbringer et Nicolas Humbert, pour concevoir ce film qu’ils qualifient de cadavre exquis, mais dont ils se sont employés à maîtriser les hasards. Parmi les milliers de combinaisons possibles des fragments, ils ont cherché à tour de rôle, puis ensemble, la meilleure place pour chaque image, la seule, telle qu’elle donnait à leur film la densité de haikus. La barque du lac gris, l’oiseau noir du ciel, le village sous la pluie sibérienne, le ventre tendu de la grossesse, les vieilles mains coupant une pomme, participent de récits archaïques dont les images inspirées de vagabonding images sont les magnifiques icônes laïques de nos rêves et de nos cauchemars.
Jean Perret, Visions du Réel Nyon 1998