Rolling

Un roller de Lausanne entre le chômage et le succès, entre l'amour et la solitude: Un film sur une jeune génération en quête de respect de soi, de succès et d'accomplissement à une époque où les pressions économiques et sociales laissent peu de débouchés à ceux qui débutent dans la vie.

"Ivano glisse, Ivano vole, Ivano survole le macadam. Défiant les lois de l'équilibre et le code de la route, Ivano dévale les rues de la ville qui l'a vu naître, Lausanne. Une petite ville tout en pente qui descend vers le lac Léman, devenue il y a quelques années la capitale européenne du "roller-skate". Ivano est un petit dieu du "in-line", ces patins aux roues alignées l'une derrière l'autre. Pour Ivano, le patin constitue bien plus qu'un sport: ses attributs à roulettes ont donné un souffle inouï à son existence, lui ont offert cette part de liberté, de marginalité, de pouvoir et de reconnaissance qu'il n'aurait probablement pas connus sans ce talent fabuleux du patin. Ivano est fils d'immigrés italiens: ses parents travaillent en usine, beaucoup et humblement. La Suisse leur a donné du travail, il faut aimer la Suisse. Leur fils et ses patins bousculent leurs certitudes, leur montre un chemin différent, un chemin de traverse fait de vitesse, du refus des conventions, d'indépendance. D'une certaine inconscience aussi . Peter Entell a rencontré Ivano en 1994 pour lui consacrer un portrait dans le cadre de l'émission "Tell Quel" de la Télévision Suisse Romande. Le réalisateur crée alors une véritable complicité avec le jeune "roller", âgé alors de 23 ans. Ivano, c'est un personnage emblématique de cette deuxième génération d'immigrés dont on parle tant et souvent sans en dire grand chose, de cette jeunesse qui ne se reconnaît pas dans le modèle de société que ses aînés épousent tant bien que mal. Peter Entell va suivre Ivano durant trois ans. Ivano qui va se marier avec Manue, la femme qui va l'épauler, tenter de l'aider à se structurer, à le faire entrer un peu dans l'âge adulte, l'âge des responsabilités. Avec elle, il va ouvrir un magasin, un skate park. Les rêves s'égratignent pourtant au fil du quotidien, comme si Ivano n'était pas encore prêt pour tout cela. Ce documentaire a la force de la sincérité, de la vérité. Il montre avec respect, discrétion et une subtile intimité un être dans toute sa complexité."
Semaine de la Critique Locarno