Rive-Neuve, la nuit
CH 1998 60'
Réalisation: Aline Brechbühl
Image: Denis Jutzeler
Son: Gilles Abravanel
Montage: Matthias Bürcher
Production: Cinetik
Pass:Rive-Neuve, la nuit (F)
540p Français ST -
Pass:Rive-Neuve, la nuit (E)
540p Français ST English
La Fondation Rive-Neuve, sur la Riviera Vaudoise à Villeneuve, est un établissement de soins palliatifs. On y tente de rendre plus supportable la douleur des malades condamnés par la médecine.
Deux veilleurs prennent le relais de l'équipe de jour. Informés de l'état de chacun, ils vont de patient en patient, prodiguant des soins avec douceur, soucieux de privilégier le confort et le dialogue, de créer des moments de chaude humanité à l'heure où les angoisses, les questions et les douleurs se font plus pressantes.
C'est par exemple permettre à un patient d'écrire ce qu'il ne peut plus prononcer, à un autre de dire comment il envisage la mort, à un autre encore de réfléchir au pardon qu'il souhaite donner ou recevoir, ou de confier quelle attitude des siens lui complique la tâche, si difficile déjà, de les quitter. L'accompagnement aux mourants se nourrit souvent de gestes communs, prodigués dans un cadre très ordinaire. Ici, on a toute la nuit.
Avec une infinie délicatesse, la jeune réalisatrice Aline Brechbühl a partagé la vie de la Fondation RIve-Neuve, un établissement de soins palliatifs. (...) Son documentaire fascine, plongeant dans les nuits de veille, démêlant les angoisses, les apaisements.
24 Heures Lausanne
Un merveilleux documentaire. (...) Dans une maison où quatre-vingts personnes décèdent chaque année, Aline Brechbühl a su capter l'omniprésence des angoisses et des exorcismes, à des moments où le relationnel est le plus fort, entre le crépuscule et l'aube.
Construire
Par sa façon pudique de ne pas donner en spectacle les émotions mais de les suggérer seulement, Aline Brechbühl touche d'autant plus le spectateur qui découvre ces instants de vie, soudain confronté à sa propre attitude face à la mort.
Tribune de Genève
Note d'intention de réalisation
En 1996, une de mes connaissances a fait le choix de venir mourir à Rive-Neuve. Elle a passé six semaines dans l'établissement. Je n'ai jamais voulu la revoir pendant sa maladie. J'avais peur de me confronter à la souffrance et à la mort, car accompagner quelqu'un en fin de vie me ramenait à ma propre mort. Ce n'est que plus tard que j'ai osé franchir le pas en participant à des veilles, et que j'ai découvert les relations qui se créent à Rive-Neuve. J'ai alors décidé de réaliser ce film pour faire partager cet univers souvent appréhendé, en traitant avant tout des relations entre patients et soignants, des relations nouées au fil de la nuit.
Pourquoi la nuit ? Parce qu'avec elle, le rapport au temps se modifie, et le besoin d'une présence contre la solitude et l'angoisse se fait davantage sentir. Le rôle des veilleurs devient primordial : ils sont là pour offrir l'apaisement nécessaire non seulement au niveau médical, mais surtout par le temps qu'ils peuvent prendre avec chaque patient. Les soignants agissent au plus près de leur sensibilité et de leur spontanéité. Il n'y a plus de limite au temps : « on a toute la nuit ».