Monte Grande

Monte Grande
CH 2004 80'

Réalisation: Franz Reichle
Scénario: Franz Reichle
Image: Franz Reichle, Matthias Kälin
Son: Franz Reichle
Montage: Franz Reichle
Production: T&C Film

Franz Reichle 2004 80'

Comment l'esprit et le corps peuvent-ils coexister sous la forme d'un tout intégré? Francisco Varela, le célèbre biologiste et neuroscientifique chilien né à Monte Grande, était un figure phare dans le domaine de la science cognitive. Ces questions l'on préoccupé dès son enfance et jusqu'à sa mort, en 2001. La structure narrative du film se concentre essentiellement sur l'histoire de la vie de Varela. Ainsi les membres de sa famille y sont mis en relation avec les thèmes principaux du film. De plus, des scientifiques éminents, des amis proches et des penseurs tels que Sa Sainteté Tenzin Gyatso, le 14ème Dalai Lama, Heinz von Foerster, le père de la cybernétique, Jean-Pierre Dupuy, Evan Thompson, Anne Harrington, Humberto Maturana et d'autres encore contribuent également au film par leur présence. Le film est formé autours de trois préoccupations principales: la relation entre le corps et l'esprit, le sens de la responsabilité personnelle et la spiritualité. Les thèmes suivants sont également abordés: l'origine de la vie, les interventions génétiques, la violence, la liberté et l'amour, la conscience et le karma, la mort et la réincarnation.

Le documentaire "Monte Grande" est fort et aimant à l'image de ces mains qui pétrissent lapâte des "empenadas" dont la fabrication rythme le film. Franz Reichle nous fait partager sonamour du travail bien fait : beauté des gestes et des regards ; même concentration dans lesgestes simples de la ferme natale que dans le laboratoire ou les séminaires de FranciscoVarela, biologiste chilien, dont nous suivrons le parcours.
Une enfance heureuse à Monte Grande (Chili), un diplômé poupin, un chercheur passionné,un homme émacié. Le film nous montre, parfois avec une impudeur très maîtrisée, la vied'un chercheur passionné par son métier et déclinée dans son environnement familial etprofessionnel, un homme à l'esprit toujours en éveil et qui a consacré sa vie à chercher desréponses à la question "Qu'est-ce que la vie ?". A aucun moment F. Reichle n'intervient.
Aucune introduction, aucune voix off, aucune précision, aucune remarque sur la notoriétédont on sent pourtant qu'elle fût grande. Rien n'est dit, appuyé. Tout est suggéré.Que dire de ces magnifiques plans-séquences où père, amis, enfants, maîtres, collègues,étudiants et ses femmes racontent Francisco Varela ? Aucun d'eux ne nous prendra àtémoin. Chacun parle d'un passé lointain et amusant ou excessivement proche etdouloureux, le regard tourné vers l'intérieur et il s'en dégage une très grande paix.Francisco lui-même est longuement filmé, le visage dévoré par un regard déjà ailleurs , ilnous dit dans un grand éclat de rire qu'il recherche toujours la sagesse, une immensesérénité due à une longue pratique de la méditation et à ses relations privilégiées avec leDalai-Lama émane de lui. De longs plans fixes nous permettent de parcourir les rayons desa bibliothèque pleine d'ouvrages que nous ne saurions lire, mais où la présence du "Robert" en première rangée nous rassure, nous, les amateurs éclairés, qui ne saisissons qu'à-demiun discours dont la teneur nous échappe mais dont nous comprenons la passion qui l'anime."
Marie-Jo Lecuyer

L'AUTOPOIESE

La nouvelle définition de la vie, telle qu'elle a été élaborée par les neurobiologistes HumbertoMaturana et Francisco Varela, est l'autopoïèse.

auto = soi
poiesis = faire
autopoiesis = faire soi-même, s'auto-produire, se créer soi-même

L'unité du sujet et de l'objet, l'ensemble inséparable de l'être, comme elle a été affirmée surtoutpar les sages, les mystiques et les philosophes dans l'histoire humaine, est prouvée parMaturana et Varela par les résultats obtenus lors de leurs recherches scientifiques physiques etnaturelles.

Selon l'opinion que nous avons de la biologie marquée par le Darwinisme, un être vivant nesurvit que s'il s'adapte le plus parfaitement possible à son environnement. Il dépendrait donctotalement d'un monde extérieur objectif. Pour Maturana et Varela, par contre, cette « réalitéobjective » n'existe pas : si les conditions fondamentales de la vie sont remplies, les systèmesvivants –appelés « machines non triviales » par Heinz von Foerster – y compris les êtreshumains, peuvent créer leur monde à leur guise, au lieu de ne réagir qu'à ce qui existe déjà. Lesujet participe donc de manière déterminante à la création de sa réalité qui n'est objective qu'enapparence.Maturana et Varela ont découvert un modèle systémique des processus vitaux élémentairesainsi que des processus grâce auxquels nous accédons à des connaissances. Grâce à cemodèle, la vision du monde des biologistes, ainsi que notre compréhension du monde qui nousa été transmise, est révolutionnée radicalement. Il nous permet de comprendre que lacoopération et la tolérance, et non la concurrence, sont la base de tous les processus de vie. Lemonde dans lequel nous vivons est un monde que nous construisons ensemble dans unprocessus de connaissance. C'est à nous de reconnaître les lois de la vie placées dans notrematériel génétique et d'agir en conséquence, ou bien de les méconnaître et de détruire ainsi lesbases de notre vie et de notre humanité.
Texte partiellement repris du Goldmann Verlag



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