L'homme des casernes

Pour la première fois, une équipe de cinéma indépendante a pu suivre une école de recrues de fusiliers et mitrailleurs de février à mai 1993 à Colombier (Suisse).

L'officier de recrutement dit: "Lorsqu'un jeune hésite, je lui conseille l'infanterie parce que c'est là que j'ai besoin de monde". Ainsi 35 % de recrues se retrouve dans l'infanterie. Contrairement à l'école de recrues d'été où l'étudiant représente une forte proportion, celle d'hiver se compose de jeunes ayant des métiers très touchés par la crise économique ou n'ayant pas de métier. 40 % de la section filmée sont sortis de l'école de recrues et se retrouvent au chômage.

Le film porte sur l'atmosphère de cette école de recrues et sur les discours propres à ce milieu particulier. Bien que nous ayons pu tout filmer en toute liberté, l'accent a été mis sur un certain nombre de séquences telles que: le recrutement, "l'avancement" de trois recrues (école de sous-officiers obligatoire), les inspections, la prise et la remise du drapeau, la visite du curé, le culte de l'Ascension.Comment réagissent-ils? Eux qui rêvent, pour la plupart, d'une armée professionnelle dont ils ne feraient pas partie.

La caméra capte ce qu'elle voit, le magnétophone enregistre, la chronique s'ordonne, claire, objective, sans parti pris. A chaque spectateur appartient la liberté d'en lire l'endroit ou l'envers.
Freddy Buache, Le Matin

Non, ça n'est pas Astérix chez les Helvètes, mais le voyage n'en est pas moins pittoresque. Pour le profane, L'HOMME DES CASERNES, plongée cinématographique au pays des soldats de l'armée suisse, vaut ces documents consacrés aux tribus lointaines que l'on regarde le dimanche à la télévision. Un regard ethnologique pour un documentaire d'une heure et demie sans commentaire qui, si l'on en croit ce qui est montré, pourrait aussi s'intituler 'histoire d'un échec'. Celui de l'institution militaire qui tente, sans résultat, de convaincre les citoyens-soldats de l'utilité d'une année de milice, de leur utilité à eux, donc. Ce qui ne les empêche pas de servir quand même.
Annick Jeanmairet, Journal de Genève

L'utilité de ce document sera surtout de montrer aux femmes lassées des récits de caserne de leurs ex-soldats de maris que les bons souvenirs qu'ils gardent occultent bien des choses pas rigolotes.
Humanité-dimanche