Le Temps - Les petits reporters au pays des oeillets

Lionel Baier met de bonne humeur la Piazza Grande avec Les Grandes Ondes (à l’Ouest). Un road-movie léger situé pendant la révolution portugaise.
L’humour est multiforme, omniprésent et polyglotte. Il jaillit entre autres des ahurissants décalages technologiques et idéologiques: le technicien doit gravir les poteaux téléphoniques pour entrer en communication, Julie revendique la liberté sexuelle jusqu’à l’absurde: «Je peux coucher avec deux hommes en même temps, même s’ils sont homosexuels.»
Une forme de gravité tempère la bonne humeur. En 1974, le fascisme est tombé. Mais, en 2013, le Portugal va mal. Grandi dans un rêve d’Europe, Lionel Baier a déchanté. La situation actuelle, l’humiliation des pays ruinés, le plonge dans une grande angoisse. «Rejeter l’Europe, c’est comme dire «Je ne veux plus te voir» à une belle fille que trois banquiers ont violée.» Les Grandes Ondes (à l’Ouest) est une «piqûre de rappel», selon le principe de Lubitsch que le réalisateur lausannois a fait sien: «Quand les temps sont durs, c’est le moment de faire des comédies.»
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