Le Courrier - L’ombre et la proie

Texte

Autant d’images sombres et troublantes qui s’imposent en contrepoint des scènes de voiture, suggérant l’envers obscur de la face joviale du personnage. L’approche a toutefois ses limites. Blocher, qui se considère lui-même un mauvais sujet de cinéma parce qu’il a «trop de secrets», demeure une énigme impénétrable. La caméra de Bron lui tourne autour sans trouver le défaut de la cuirasse. Si L'EXPERIENCE BLOCHER reste malgré tout fascinant, c’est qu’il prend ainsi les allures d’un affrontement feutré entre deux hommes d’image aussi malins l’un que l’autre, où chacun marque à son tour des points mais pour aboutir à un match nul.
Au-delà de cet enjeu, le documentaire a les vertus qu’on pouvait en attendre. A travers l’ascension de son chef de file, il raconte l’avènement de l’UDC et de ses idées, la métamorphose du paysage économique et démocratique dont témoigne le parcours emblématique de l’entrepreneur et politicien zurichois. Rien de bien nouveau cela dit, outre le bénéfice du recul, mais peu importe. L’intérêt de L'EXPERIENCE BLOCHER n’est pas dans ce qu’il dévoilerait, plutôt dans les moyens cinématographiques déployés pour tenter l’impossible, dans la démarche lucide du cinéaste qui a préféré lâcher la proie pour l’ombre.
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